Après plus de six mois de préparation, le grand moment est arrivé : j’ai participé la semaine dernière à mon premier Ironman, le Challenge Roth, en Allemagne. Retour sur cette course qui constituait bien évidemment l’objectif majeur de ma saison.
L’objectif affiché, c’est de finir en moins de 12h. L’objectif secret, c’est de finir en moins de 11h30. J’ai réalisé une bonne préparation avec un volume important pour moi en mai et juin et j’imagine mal ce que j’aurais pu faire en plus donc je suis satisfait à ce niveau. Cependant, j’ai bien senti que mon corps était proche de ses limites et il me l’a bien fait savoir : depuis quelques semaines, j’ai notamment les genoux qui grincent… alors difficile de vraiment imaginer comment ça va se passer !
J-2
Après un départ de Lyon le jeudi et une étape à Strasbourg, nous arrivons dans la banlieue de Nuremberg le vendredi vers 13h30. C’est là où se situe notre hôtel, à environ 30 minutes de Roth. Je dis « nous » car ma femme, ma mère et mon oncle ont accepté de venir m’encourager pour cette course, malgré plus de 1000km à conduire.
Après avoir rapidement mangé et nous être installés, j’effectue un footing léger d’environ 40’ avant le départ vers Roth ! J’ai en effet prévu de retirer dossard et sac dès le vendredi afin de pouvoir calmement me préparer le samedi matin et d’aller déposer mes affaires le samedi matin… l’expérience d’Aix me fait en effet penser que j’ai moins de chances d’oublier quelque chose si je prépare calmement mes sacs de transition à l’hôtel.
Après 30 minutes de route, nous arrivons donc à Roth vers 16h30. De grandes banderoles accueillent les triathlètes, les parkings sont déjà bondés, les triathlètes partout : ça y est, nous sommes rapidement mis dans l’ambiance.
L’expo est énorme, beaucoup de monde et beaucoup d’exposants. L’organisation est également en train de monter le mini-stade dans lequel les athlètes finiront la course.
Je récupère mon dossard ainsi que les goodies qui vont avec (sac à dos, casquette…) et achète 3 tickets pour la Pasta Party. Car c’est la suite du programme : à 18h, on va manger des pâtes ! C’est un peu tôt mais bon, en Allemagne on fait comme les Allemands.
La Pasta party se déroule sous une tente surchauffée, au sens propre comme au figuré. Il fait au moins 30°C, on crève de chaud. Côté ambiance, on ne s’entend pas, la sono crache de la musique à fond, les speakers mettent l’ambiance en présentant les pros, les organisateurs… Côté nourriture c’est bien fourni : bar à salade, pâtes avec différentes sauces, yaourts, boissons soft… et bière bien évidemment ! Je passe sur la bière mais je craque pour quelques excellentes pâtisseries : il faut se faire plaisir avant la course, ça fait partie de la préparation mentale… De la mienne en tout cas !
22h, je suis au lit pour une dernière grosse nuit de sommeil puisque la nuit d’avant-course sera courte.
J-1
Après un petit-déj à l’hôtel, ma famille part visiter Nuremberg pendant que je prépare mes affaires pour la course et mes sacs de transition. Je vérifie tout au moins trois fois avec différentes checklists.
J’en profite également pour me raser les jambes – je n’ai pas vraiment l’habitude de le faire mais pour les grandes occasions, on fait comme les pros!
Je retrouve ma famille à midi à Nuremberg pour un repas dans un restau… italien, puisque c’est le seul endroit qui a l’air de servir des pâtes. A 14h, direction Hilpolstein, là où se déroulera le lendemain la natation et où le parc à vélo est donc situé. Il y a déjà beaucoup de monde, répartis sur plusieurs immenses parkings. J’assemble mon vélo, vais rouler quelques minutes… tout est nickel, pas un bruit de frottement, les vitesses passent parfaitement… la révision payée à prix d’or deux semaines avant la course a payé ses fruits.
Je me dirige alors vers le parc à vélo et surprise, je tombe nez à nez avec une queue longue de 300m… tout le monde semble avoir décidé de poser son vélo au même moment. Après quelques recherches, je rejoins une autre queue un peu plus courte. Je passe cependant bien 30 minutes au soleil à atteindre l’entrée du parc. Je pense à bien m’hydrater, il fait plus de 30 degrés… et c’est également ce qui est prévu pour le lendemain!
La suite, c’est du classique : dépose du vélo, dégonflage des pneus pour éviter tout problème avec la chaleur et dépôt du sac T2. Le sac T1 et le sac « Streetwear » se déposent en effet le lendemain. Un dernier repérage et je quitte le parc… l’atmosphère sera toute autre demain !
Retour vers Nuremberg, dîner dans un restau… italien (dans lequel je prends un doggy bag de pâtes pour le petit déj du lendemain !), extinction des feux à 22h… je réussis à m’endormir assez rapidement malgré un peu de stress présent depuis le matin.
Le jour J
L’avant course
4h15 : le réveil sonne. J’ai bien dormi mais l’excitation est telle que je n’ai aucun mal à être réveillé en quelques secondes. J’enfile les vêtements préparés la veille et attaque mon plat de pâtes. Alors que je m’attendais à amas complètement sec, elles sont en fait délicieuses (…même si elles sont froides !). J’y vois là le premier signe positif de la journée – on se rassure comme on peut !
4h45 : on décolle de la chambre. Le temps de descendre et de charger les voitures et c’est parti. Alors que l’autoroute est quasi-déserte dans l’autre sens, beaucoup de voitures roulent dans la même direction que nous. Des gens qui se rendent au départ ? Nous en avons la confirmation à la sortie… que quasiment tout le monde emprunte. A 2 kilomètres du parking, la vitesse diminue et tout le monde roule au pas: bouchons! Pas de stress, on est dans les temps. L’affluence est immense mais l’organisation est bien rôdée et nous continuons à avancer. Nous sommes dirigés vers l’un des trois immenses parkings.
Nous rejoignons alors la procession qui se dirige à pied vers la zone de départ à environ 800m. Nous traversons le pont qui surplombe le Main Donau Kanal qui est déjà noir de monde et commençons à entendre la musique de l’orga et le bruit de la foule: les alentours sont noirs de monde.
Au moment où nous ne sommes plus qu’à quelques mètres du parc à vélo, les speakers prennent la parole, l’un en allemand, l’autre en anglais : « Welcome to Challenge Roth ! This is YOUR day, the day you’ve been waiting for ! ». Tout ça conjugué à la petite musique bien choisie me rend un peu ému… heureusement j’ai mes lunettes de soleil, il ne faudrait pas qu’une petite larme pointe le bout de son nez. Une petite photo avec ma famille, une dernière accolade et nous nous séparons.
Je rentre dans le parc à environ 5h50 alors que la vague des pros est prévue à 6h30 et la mienne à 7h30, j’ai donc largement le temps de me préparer. Je rejoins mon vélo, essuie minutieusement la selle et le guidon recouverts de la rosée du matin, gonfle les pneus et scotche mes barres au cadre. Je revérifie plusieurs fois que je n’ai rien oublié puis vais déposer mon sac de T1.
Il me reste alors encore 1h15 à tuer. J’ai toujours sur moi le sac que je récupèrerai à la fin de la course. Comme beaucoup de concurrents, je m’allonge sur l’herbe afin de ne pas rester debout. C’est encore une fois l’occasion d’écouter les speakers, la musique, de repenser à tous ces mois de préparation… et de se dire que tout va se jouer maintenant, aujourd’hui. Paradoxalement, plus du tout de stress à ce moment-là mais au contraire une certaine sérénité.
A 6h30 pile, un authentique coup de canon fait trembler le sol : les pros sont partis. Les vagues de 200 concurrents vont maintenant se succéder toutes les 5 minutes ; je suis dans la vague n°13. 7h, l’heure de faire un dernier tour aux toilettes – l’organisation est tellement rôdée et a tellement bien fait les choses que je ne fais même pas la queue, encore un signe positif !
7h10, j’enfile ma combi, donne mon sac et rejoins les athlètes de ma vague dans la queue nous menant au départ. 7h25, la vague d’avant part… et nous sommes donc autorisés à aller dans l’eau. Elle doit être aux alentours de 22°C, la combinaison est donc autorisée et nous n’avons aucun mal à rentrer dedans. Après un échauffement très rapide, je me place en première ligne.
7h29, les arbitres annoncent qu’il nous reste une minute avant le départ, l’organisation lance la petite musique rituelle qu’elle a lancée avant chaque départ. 5 secondes avant le départ, je lance mon chrono.
BOOM!
Natation
Le parcours de natation est simple : une grande ligne droite, on fait demi-tour, une ligne droite encore plus grande, on fait demi-tour et on sort. Pas compliqué quoi !
Je me cale plutôt vers le centre du canal en me disant que je serai ainsi plus prêt de la corde lorsque le virage arrivera. Nous sommes plusieurs à avoir eu la même idée et même s’il y a seulement 200 triathlètes par vague, ça frotte un peu. Rien de violent cependant, j’ai l’impression que tous les participants doivent se dire qu’il ne sert à rien de s’entretuer après 200m de nage alors qu’il reste entre 10 et 12h d’effort à fournir pour la plupart d’entre nous.
Les bouées ne sont pas super visibles et je me dirige donc à l’aveugle, en me positionnant par rapport aux autres nageurs, par rapport aux berges… et par rapport à l’endroit où j’imagine la prochaine bouée se situer.
Le premier demi-tour arrive et là, la bouée est bien visible et impossible à manquer, il s’agit d’une immense bouée rouge. En faisant demi-tour, on aperçoit au loin le pont couvert de monde surplombant le départ. Il n’a pas l’air si loin que ça… c’est ce que je vais me dire pendant ce que je pense avoir été une groooosse demi-heure… une demi-heure passée à lever la tête afin de se diriger toutes les trente secondes ou toutes les minutes et à me dire « P…., il ne se rapproche pas ce pont !!! ». Cette partie est interminable.
J’y arrive enfin. Je sais qu’à ce moment-là il reste 700m à parcourir, soit plus grand-chose quand on a déjà parcouru 3100m ! J’essaie de battre un peu des jambes afin de faire circuler le sang. J’atteins enfin la sortie. Des volontaires m’aident à me relever, j’enlève mes lunettes, un coup d’œil au chrono : 1h10 alors que je visais entre 1h10 et 1h15, je suis donc pile dans les clous.
T1
Je me dirige très calmement vers la T1, récupère mon sac et entre dans une grande tente où tout le monde est en train de se changer. Une volontaire s’empare de mon sac, le vide et m’aide à enlever ma combi : service 4 étoiles ici ! Je prends mon temps et vérifie bien que j’ai toutes mes barres, que je n’oublie rien, prends le temps de me badigeonner l’entrejambe avec de la crème anti-frottements (oui, ici je raconte tout)… bref je traine un peu.
Je trottine ensuite vers mon vélo : ceinture porte-dossard, casque… encore quelques mètres jusqu’à la ligne blanche et j’enfourche mon vélo !
Vélo
Le vélo, c’est ma grande crainte pour cette épreuve. Lors des dernières semaines de préparation, j’ai ressenti quelques gênes au genou lors de mes sorties les plus longues, notamment des douleurs assez importantes qui m’avaient forcé à rentrer au ralenti lors de la sortie la plus longue de ma préparation. Ajoutez à ça que c’est le sport dans lequel je suis le plus faible… Si ça se passe bien sur le vélo, je sais que ça se passera bien pour toute la course !
Les sensations sont excellentes dès les premiers mètres. L’effet « course » joue son rôle et le public extrêmement nombreux sur les bords de la route aide pas mal aussi. Ça part vite, très vite. Une autre raison : la densité de coureurs est telle que tout le monde se situe à trois ou quatre mètres du coureur qui le précède et bénéficie d’un peu d’aspiration : impossible en effet de respecter la règle des sept mètres avec autant d’athlètes.
Le parcours est constitué d’une boucle que l’on parcourt deux fois et d’une portion finale d’un peu moins de dix kilomètres qui relie la fin de la boucle au parc à vélo situé à Roth. Le dénivelé est assez faible (1200m de D+) ce qui en fait un parcours rapide, mais après quelques dizaines de kilomètres, je me rends compte que ce qui fait la rapidité de cette course c’est aussi l’excellente qualité du revêtement routier. Sur certaines portions, c’est un véritable billard sur lequel rouler en position aéro une fois lancé est d’une facilité déconcertante.
Le parcours est majoritairement composé de faux plats montants et descendants avec seulement quelques petites côtes ici et là (1200m de D+ au total). Au kilomètre 71, j’attaque l’un des temps forts de la journée, la montée de Solar Hill. Une ascension courte et pas très compliquée mais sur laquelle sont rassemblées 20 000 personnes ! L’ambiance est hallucinante et le bruit assourdissant. Comme lors des grandes ascensions du Tour de France, impossible de doubler, les cyclistes sont obligés de se mettre en file indienne, la foule s’écartant au dernier moment en ne laissant le passage que pour un vélo. Magique !
En vidéo et avec le son ça donne ça (je suis en quatrième position du groupe):
Les ravitos sont placés tous les 20 kilomètres et je me recharge régulièrement en eau. J’ai un bidon de boisson énergétique que je descends assez lentement ainsi qu’un bidon d’eau. Je prends également une barre toutes les heures.
Peu avant la fin de la première boucle, je me fais dépasser par deux pros qui passent à une vitesse folle pour me prendre un tour. Quelques minutes plus tard, sur une portion en faux plat descendant, deux coureurs se télescopent à pleine vitesse devant moi, les vélos et les hommes volent. Je n’ai pas vu ce qui s’est passé mais ils sont heureusement assez loin pour que je puisse ralentir et les éviter sans problème. Lorsque je passe à proximité, je me rends compte que le choc a dû être terrible : le cadre de l’un des vélos est littéralement plié et l’un des coureurs a survolé la route et le fossé pour atterrir dans un champ à une dizaine de mètres du lieu de l’impact. Heureusement une moto de l’organisation passait à ce moment, s’arrête et appelle immédiatement les secours.
Je me concentre afin de ne pas dépasser les 150bpm et de ne pas me brûler les ailes lors de ce premier tour. Je franchis la barre des 90km en environ 2h45 alors que mes estimations d’avant-course me laissaient à penser que je bouclerais 180km après 6h10 à 6h20 d’effort… là je suis parti sur les bases de 5h30 ! Je décide donc consciemment de lever fortement le pied sur le deuxième tour en me disant que même si je finis en 6h, je serai toujours largement en avance sur mon objectif.
Les jambes commencent à devenir lourdes après 120km. Je ressens une petite tension au niveau du genou gauche et modifie légèrement la position de mon pied afin de moins la sentir. Rien de gênant mais je suis bien content de ne pas être à fond, j’en garde sous le pied.
Alors que la course commence à devenir monotone, une deuxième chute a encore lieu juste devant moi et cette fois à moins d’une dizaine de mètre. Un cycliste en train de se faire doubler change de trajectoire et touche la roue avant de celui qui allait le doubler, le faisant tomber. Lors de sa chute, j’ai l’impression que tout éclate en mille morceaux : son vélo part dans une direction, le coureur dans une autre, la gourde vole elle aussi ainsi que des éléments en plastique ou en carbone. Instinctivement je freine fort et bloque les routes… je me vois déjà tomber… mais passe miraculeusement entre les gouttes à plus de 40km/h… Plus de peur que de mal pour le coureur qui se relève immédiatement afin d’insulter l’athlète qu’il doublait. De mon côté, ma fréquence cardiaque a fait un bon, je me dis que ça aurait pu être la fin de la journée… Je l’ai échappé belle.
Le vent se lève légèrement dans ce second tour. Fatigue, décision de lever le pied, vent : la moyenne baisse donc lors de ce second tour. La fin de la deuxième boucle me semble interminable. J’en finis avec l’ennui lorsque je sors finalement du circuit afin de rejoindre la portion reliant la boucle au parc à vélo. Je sais que le vélo s’est mieux passé que prévu au niveau chronométrique, il me reste maintenant à voir si je n’ai pas roulé trop fort pour mon niveau…
J’en finis au final en 5h49’00, un temps complètement inespéré au vu de mes entraînements, mais qui me place en milieu de classement pour cette discipline… merci le parcours ultra-rapide !
T2
Beaucoup de monde arrive à la T2 en même temps que moi, c’est l’affluence des grands jours.
Comme en T1, une volontaire est là pour m’aider à trouver mon sac, le vider, le remplir… Encore une fois je traîne un peu puisqu’il me faut 4’07’’ pour repartir.
Course à pied
C’est parti pour un marathon ! Dès les premiers mètres du parcours j’aperçois ma famille : ça fait du bien de les voir. Ils étaient également à Solar Hill mais au milieu de la foule, je me disais bien qu’il serait impossible de les voir (j’apprendrai en fait que je suis passé tellement en avance par rapport au temps annoncé qu’ils étaient en train de faire la sieste sur le bord de la route et m’ont loupé !). Mon oncle décide de se lancer à ma poursuite… pendant 10m…
Je ressens également une douleur derrière le genou gauche, le côté sur lequel j’ai modifié ma façon de pédaler sur le dernier tiers du vélo. La douleur est difficile à localiser, je ne sais pas exactement dire ce que c’est, sur le coup j’ai l’impression que c’est une petite contracture tout en haut du mollet ou tout en bas de la cuisse, à moins que ce ne soit ligamentaire ? C’est très bizarre… la bonne nouvelle ? Je sens bien cette pointe mais elle ne me gêne absolument pas pour courir… allez comprendre ! Tant mieux !
Mon objectif est de partir sur une base de 11,5km/h et de ne pas descendre sous les 11km/h. Alors que la météo a été plutôt clémente jusqu’à maintenant, il fait très chaud (plus de 31°C). Je prends un verre d’eau à chacun des ravitos placés tous les 2km environ.
Il y a déjà beaucoup de monde sur le parcours mais je ne m’affole pas, je suis parti dans la treizième vague, ce n’est pas surprenant. Le parcours de course à pied a changé cette année. Il s’agit de parcourir deux fois une boucle de 21,1km. Le parcours est plus vallonné que les années précédentes… et certains concurrents s’en plaignent déjà !
La première heure est réalisée à l’allure prévue puisque je parcours 11,3km pour sortir de la ville, traverser une partie ombragée en forêt, traverser une zone industrielle, longer les bords d’un canal avant de faire demi-tour pour revenir en ville. Physiquement je me sens plutôt bien mais la chaleur rend les choses pénibles.
La deuxième heure de course est plus difficile à une allure moyenne d’environ 10,3km/h. C’est en effet lors de cette deuxième heure que je passe une longue portion montante de plus d’un kilomètre. C’est long, il fait chaud, quasiment tout le monde marche pendant ce long faux plat… mais pas moi. Je décide d’une stratégie claire : ne jamais m’arrêter de courir sauf aux ravitos où je prends systématiquement un verre d’eau et une bricole à manger type bout de banane.
La troisième heure est la plus dure avec une moyenne légèrement en dessous des 10km/h. Je craque un peu, notamment lors de la fin de cette troisième heure de course à pied. Je marche plus longtemps aux ravitos, je marche maintenant également dans les montées… Les jambes sont lourdes ! Mon but est d’être prudent et d’éviter toute défaillance. Je préfère marcher quelques secondes de plus et perdre un peu de temps plutôt que d’être tout le temps à fond et de subitement craquer. Heureusement la température commence lentement à redescendre, il devient de plus en plus « agréable de courir ».
Je passe pour la seconde et dernière fois au demi-tour de Buchenbach, l’une des nouveautés de l’année. Il reste 6 kilomètres. Et là, tout d’un coup, tout devient plus facile. Je commence à prendre conscience que quoiqu’il se passe, je vais finir dans un temps pas trop mal. Je ne veux pas regarder ma montrer, je veux me consacrer sur mes sensations, ne pas tenter d’accélérer pour gagner quelques secondes alors qu’une grosse crampe pourrait me faire perdre bien plus.
37… 38… 39… 40… les panneaux défilent, je suis de retour dans la ville, j’essaie de profiter au maximum de l’ambiance de fou qui règne. Les rues sont pleines à craquer de gens qui mettent l’ambiance, tout en buvant leur bière bien évidemment.
41… j’atteins la bifurcation qui m’envoie vers le stade et pas une nouvelle fois sur la boucle… magie du corps humain, j’ai retrouvé mon allure de début de course. Ce dernier kilomètre est interminable !!!! J’entends la musique du stade d’arrivée… P*****, je vais arriver sur « Dancing Queen » d’Abba, ça fait pas sérieux, qu’est-ce que vous foutez les Allemands ?!
Entrée dans le stade, pas mal de monde devant moi, des relais surtout qui finissent, je ralentis, je veux profiter au maximum de ces dernières secondes de course… alors que j’avais imaginé être au bord des larmes à ce moment, je suis finalement super calme et super serein.
11h09’31’’.
C’est bon, c’est fait, et plutôt mieux fait que prévu.
Le bilan, c’est pour plus tard, là il faut profiter… Un gros merci à ma famille qui m’a encouragé et supporté pendant 6 mois afin de rendre tout ça possible, en particulier à ma petite femme 😉
En bref
Temps et classement finaux sur 3456 participants dont 437 dans mon groupe d’âge:
Wahou super récit on a l’impression d’être avec toi sur cet IM!
Un grand bravo je suis admirative des athlètes qui bouclent ce genre d’épreuve ultra dure!
Super récit, très impressionnant et très motivant. Ça donne envie de s’y frotter 🙂
Merci Guillaume! En effet, je ne peux que te conseiller d’aller t’y frotter 😉
Intéressant et sympa à lire à quelques jours d’aller moi aussi me frotter à cette épreuve.
Merci et bonne chance!